Pedal your blues away

R. Crumb and his Cheap Suit Serenaders

Il s’agit bien de Robert Crumb, le fameux dessinateur, avec le groupe dont il faisait partie avec son pote Terry Zwigoff, le réalisateur de Ghostworld, un très bon film

Pedal your blues away
Forget all your troubles today
Hop on your bike any time you might
And pedal your blues away
Pedal your blues away
As you ride down the old highway
Singing a song as you rode along
Just peddling your blues away
You’ll find lots of happiness as you speed along
Things are honky dory as you fly
In the middle of your heart you’ll find a new song
With your pelsy welsy riding by your side
Pedal your blues away
You’ll find love in every bi-way
Hold up your chin and let them see your grin
And Pedal your blues away
You’ll find lots of happiness as you spin along
Things are honky dory as you fly
In the middle of your heart you’ll find a new song
With your pelsy welsy riding by your side
Pedal your blues away
You’ll find love in every bi-way
Hold up your chin let them see your grin
And Pedal your blues away

Mort de chez mort

Ce soir au moment de rentrer du taf, je découvre mon pneu avant à plat. Je rustine et regonfle, puis au moment de partir, je découvre que mon pneu est en train de rendre l’âme : le flanc part en miettes et une hernie se forme. Le Kojak date a priori de 2012, il a connu mon premier Bullitt et a probablement pas loin de 20 000 km. Pas mal pour un pneu que certains ne trouvent pas assez résistant !

Du coup pour pouvoir repartir demain matin, j’ai piqué un Marathon Racer sur le vélo de mon fils !

Bilan des 20 000

L’occasion de faire un petit point sur l’évolution de mon vélo favori.

Tout d’abord il a eu pour fêter ses 10 000 km un polissage qui ne laisse personne indifférent.
Que j’ai refait durant le premier confinement car sans vernis, la surface se dépolit avec le temps…
La première fois ça m’a pris une semaine de travail !
La seconde fois quelques heures (hors démontage/remontage des composants).

Notez un des deux anneaux d’ancrage ajoutés à l’avant, ils proviennent du rayon spéléologie du Vieux Campeur et s’avèrent très utiles pour fixer de gros chargements

Le garde-boue a changé pour un en inox arrondi, plus efficace que la lame plate précédente et assorti au garde-boue arrière, j’en parle plus bas.
Les freins ont également été remplacés par des versions à quatre pistons toujours de chez Magura, ça fonctionne impec, rien à redire.
Disques toujours 203 mm à l’avant et passage à 180 mm à l’arrière.
L’éclairage SON sur moyeu-dynamo de la marque, toujours aussi fiable.

La transmission à courroie reste inégalée, il faut juste penser à la laver une ou deux fois par an (seau d’eau + M. Propre, brosse à dent, cure-dent pour les creux des poulies, truc de maniaque)
Les pédales plates ont laissé la place à des pédales auto depuis bientôt deux ans que je travaille chez Olvo où c’est la norme. Une fois habitué on a du mal à s’en passer : le pied toujours bien positionné, l’effort mieux transmis, la possibilité de pousser ou de tirer pour faire varier l’effort et améliorer l’endurance…
Il n’y a que l’esthétique des chaussures qui me débecte mais bon… Je doute de convaincre Heschung de me faire des Gingko SPD et ce qui prétend exister par ailleurs comme chaussures SPD « de ville » n’est qu’une triste plaisanterie.

Le garde-boue arrière précédent, une lame d’alu, s’est brisé au niveau du pontet entre les haubans, je l’ai remplacé par un Berthoud inox, très joli mais affreusement sensible aux coups, le moindre choc se traduit par un poc (ici je me suis pris un de mes élèves qui m’a chuté dessus lors d’une sortie).
Ces bosses sont récupérables façon carrossier : il faut se fabriquer une cale concave sur laquelle poser le garde-boue et un bloc convexe avec lequel marteler délicatement l’intérieur de la tôle pour repousser les bosses et retrouver avec plus ou moins de réussite la forme d’origine…

La jante arrière ayant rendu l’âme au bout de 18 500 km, j’ai remonté — moi-même ! — une jante Stan’s Notube ZTR Crest achetée à vil prix en déstockage, et je viens de remonter en tubeless le Compass Rat Trap Pass que j’avais déjà utilisé vers 2016-2018. Ça marche impec, pas de regonflage depuis un mois et ce gros boudin hors de prix est vraiment remarquable de dynamisme et de confort !
La jante avant fera aussi l’objet d’une mise à jour tubeless ultérieurement.

Le Rohloff, tout a déjà été dit, c’est le top.
J’ai juste changé en même temps que la jante un joint papier côté commande du moyeu pour faire cesser une fuite, rien de compliqué.
Sinon l’entretien se résume habituellement à une vidange annuelle qui prend une demie-heure.
La deutsche Qualität n’est pas usurpée.

La plateforme est passé en mode ultra-léger avec la bâche tendue Fahrer Deck, à laquelle j’ai ajouté une petite tôle pour combler l’espace entre le haut de la bâche et le tube de fourche. Elle ne se détend pas, la conception ingénieuse est d’une grande simplicité, ce qui signe un bon design.

J’ai également fabriqué avec de la bâche étanche enduite PU récupérée au taf une paire de sacoches d’un bon volume pour l’arrière de la plateforme.
Pas parfaites, les « soudures » au fer à repasser ne tiennent pas forcément très bien, j’ai du ajouter après-coup quelques coutures de renforcement, mais elles font le job pour un coût insignifiant.

Enfin j’ai changé le cintre pour un modèle non relevé et avec davantage de recul des poignées (pas un moustache mais presque), monté sur une potence la plus courte possible et horizontale (la précédente était montante), allié à de nouvelles poignées ergonomiques cette fois-ci gainées de cuir (les précédentes en liège ont tenu 10 000 km, celles-ci après la même durée et davantage de distance sont impeccables), cela me procure une position de conduite un peu moins redressée qu’avant, parfaitement adaptée à ma taille (1m65) et très confortable, notamment pour mes poignets sujets à la tendinite.

Notez le petit bricolage sur la poignée du Rohloff avec des raccords coudés de frein V-brake pour placer les gaines des câbles parallèles au cintre, un peu plus pratique pour les gros chargements.

Terminons avec le remplacement de la Brooks B17 que je trouvais trop large (elle me donnait des douleurs à l’intérieure de la cuisse droite) par une Berthoud Galibier plus sportive et à laquelle mon séant s’est bien adapté, et réciproquement ! Elle était noire, les assauts du temps l’ont éclaircie.

Voilà, que conclure ?

Et bien ce vélo me ravit toujours autant, je suis on ne peut plus à l’aise dessus, je fais corps avec lui, il est beau, fringant, redoutable dans la circulation, une certaine idée de la perfection ; il remet en question même l’adage qui veut que le nombre N idéal de vélos serait N+1 tant il est un véhicule fantastique auprès duquel on ne ressent tout simplement pas le besoin d’un autre, bref il est à mon avis le véhicule urbain par excellence.

Allez, rendez-vous dans 10 000 km !

Armoire

Cet aprèm sur le parking d’une grande surface de bricolage à Villemonble, j’avais besoin d’une armoire de jardin pour ranger mon matos d’apiculture

Une passante, admirative : « Ça c’est un vélo ! » tandis que monsieur allait, impassible, ouvrir le coffre de la BMW

Les copains

En ce moment je lis à mon fils un roman truculent et facétieux, aussi anarchiste qu’anticlérical et profondément jouisseur, que j’ai adoré dans mon adolescence, que je tiens de mon père qui l’a lui-même lu vers cet âge puisque l’exemplaire familial date de 1963 :
Les copains de Jules Romain, paru en 1913.
L’automobile était alors un truc rare et lent, les moyens de locomotion qui s’offraient à nos héros étaient la marche, le train et le vélo. Ce dernier tient une place essentielle, objet de libération, de plaisir et de preuve d’amitié.
En voici un extrait, au début du chapitre III : Deux copains

« Le soir de ce même jour, à neuf heures, deux bicyclettes sortaient de Nevers. Bénin et Broudier roulaient coude à coude. Comme il y avait clair de lune, deux ombres très longues, très minces, précédaient les machine, telles que les deux oreilles du même âne.

– Sens-tu cette petite brise ? disait Bénin.
– Si je la sens ! répondait Broudier. Ça me traverse les cheveux, tout doucement, comme un peigne aux dents espacées.
– Tu as quitté ta casquette ?
– Oui. On est mieux.
– C’est vrai. Il semble qu’on ait la tête sous un robinet d’air.
– Entends les grillons à gauche.
– Je ne les entends pas.
– Mais si ! Très haut dans l’oreille. Ça ressemble au bruit que fait parfois la solitude… un bruit de petite scie.
– Ah ! Oui ! Je l’ai ! Je devais déjà l’entendre tout à l’heure ! Quel drôle de bruit ! Si haut perché !
– Regarde nos ombres entrer dans cette clairière de lune, et puis plonger de la pointe dans l’ombre des arbres.
– Il y a quelque autre route là-bas. On voit une lanterne qui se déplace. C’est une voiture.
– Je ne crois pas qu’il y ait une autre route. C’est la nôtre qui tourne, et que tu vois après le tournant. La voiture va dans le même sens que nous. Nous la rattraperons tantôt.
– Mon vieux ! Je suis heureux ! Tout est admirable ! Et nous glissons à travers tout sur de souples et silencieuses machines. Je les aime, ces machines. Elles ne nous portent pas bêtement. Elles ne font que prolonger nos membres et qu’épanouir notre force. Le silence de leur marche ! Ce silence fidèle ! Ce silence qui respecte toute chose.
– Moi aussi je suis heureux. Je nous trouve puissants. Où sont nos limites ? On ne sait pas. Mais elles sont certainement très loin. Je n’ai peur d’aucun instant futur. Le pire événement, je passerais dessus, comme sur ce caillou. Mon pneu le boirait… à peine une petite secousse… Je n’ai jamais conçu, comme ce soir, la rotondité de la terre. Me comprends-tu ? La terre toute ronde, toute fraîche, et nous deux qui tournons autour par une route unie entre les arbres… Toute la terre comme un jardin la nuit où deux sages se promènent. Les autres choses finissent quelque part ; il le faut bien. Mais un globe n’a pas de fin. L’horizon devant toi est inépuisable. Sens-tu la rotondité de la terre ?
– Je regarde jusqu’où va la lueur rouge des lampions.
Je songe à un marchand de tableaux qui me confiait un jour : « Vingt pour cent sur du Rembrandt, ça ne m’intéresse pas. » Je songe à un critique théâtral qui disait une fois : « Mme Sarah Bernhardt, en jouant Hamlet, l’a grandi. » Je songe à un vicaire de Saint-Louis d’Antin qui déclarait en chaire : « C’est dans les tourments éternels que Renan expie les audaces sacrilèges de sa pensée. » Et il me semble soudain qu’il n’y a plus de négociants, plus de cabotins, plus de cafards. La terre est propre comme un chien baigné.

Mais le mouvement cessa de leur être insensible. Ils durent peser sur les pédales. Une montée toute droite faisait une lueur entre des arbres noirs.
Les feuilles remuaient ; mais les copains ne brisaient plus un souffle d’air. Le vent marchait avec eux dans le même sens, du même pas, prêt à les pousser doucement s’ils eussent ralenti.
La côte était ardue. Chaque pédale, tout à tour, semblait aussi résistante qu’une marche d’escalier. Elle cédait pourtant, et les roues avançaient par saccades. La machine faisait front d’un côté puis de l’autre, comme une chèvre qui lutte contre un chien.
La flamme bondissait dans les lampions ; la lueur rouge se démenait sur le sol entre les morceaux de clair de lune.

– Quand j’étais gosse, dit Bénin, le soir, avant de m’endormir, je me voyais traversant une forêt à cheval, mon meilleur ami à côté de moi.

La côte était gravie. Cent mètres de plaine, puis les machines partirent toutes seules.
Une descente, pareille à une fumée, se recourbait jusqu’au fond d’un val.
Les deux bicyclettes allaient d’une vitesse toujours accrue. Les deux roues d’avant sautaient ensemble. »


Ce livre a été adapté en film par Yves Robert avec une belle brochette d’acteurs, et c’est pour ce film que Georges Brassens a composé sa célèbre chanson Les copains d’abord.

Carla

Aujourd’hui au taf j’ai eu pas mal de trucs à transporter entre porte d’Aubervilliers et le Marais, il a fallu improviser avec la Carla, et il n’y avait plus de Douze électrique de dispo, j’ai naturellement pris mon Bullitt… C’est là que t’es content d’avoir une plage de développements jusqu’à moins d’1m60 !

Ogata

Il existe depuis quelques mois un endroit qui me fascine à Paris : Ogata
Dans un hôtel particulier, ancien établissement de Weber Métaux, c’est une galerie d’art et artisanat, une boutique de thé et pâtisseries, un restaurant et un salon de thé, le tout complètement japonais et d’un rare raffinement jusqu’à la parfaite amabilité du personnel.

J’ai eu la chance de livrer des marchandises au resto le jour de son ouverture et j’y ai emmené (à Bullitt) ma compagne le lendemain après-midi, nous nous sommes retrouvés quasiment seuls dans le salon de thé intimiste où le maitre nous a fait passer un moment inoubliable hors du temps et de la vie parisienne.

Confinement oblige, ils ne font plus que de la vente à emporter (que nous livrons) et je n’ai pu que remarquer le logo qu’ils apposent sur leurs colis :

L’œil du graphiste aurait des choses à redire sur l’exécution de ce logo sans doute bricolé rapidement mais ne boudons pas notre petit plaisir avec ce petit palindrome à grand bi…

Tout, tout, tout

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Olvo (sans jamais oser le demander) vous est présenté par Mini, 8 ans, avec ses Lego :

Notre nouveau local
Le bureau du dispatch et un collègue prêt à partir en tournée, avec en arrière-plan la chambre froide
La zone de stockage
L’atelier de mécanique grâce auquel nos destriers sont toujours d’attaque
Le réfectoire tout équipé : cuisinière, cafetière, four à micro-ondes, frigo et grande table, quel confort !