Après ma première épreuve, une journée tranqille à explorer Hautot-sur-Mer où se trouve le camping jusqu’à Dieppe et ses alentours.
C’est ma première confrontation avec les impressionnantes falaises calcaires de la côte. Elles dominent de toute leur imposante hauteur une mer en camaïeu de vert, mais qu’on ne s’y trompe pas, elles sont fragiles et l’érosion les fait reculer de 30 cm par an… Leur raide ascension est récompensée par des paysages de toute beauté, et souvent par une belle descente !
L’architecture locale est dominée par la brique. Le centre-ville est plein de ces bâtisses bourgeoises du XIXe siècle généralement très bien entretenues, on voit que la ville est assez aisée.
Les églises typiques de la région sont très décorées à l’extérieur avec des usages graphiques de différentes pierres et briques ; je découvre un beau vitrail moderne dans l’une d’elles.
J’aime bien le port de Dieppe, ses machines hors norme, ses bateaux en cale sèche, ses réservoirs aux peintures passées, et même quelques recoins en friche.
À la fin de la journée je retourne savourer le dernier soleil sur l’herbe du camping, demain j’irai à Fécamp…
Après une nuit un peu courte, l’excitation m’ayant empêché de m’endormir tôt, lever vers 6h, douche rapide, petit dej expédié et me voilà parti !
Le vent d’ouest est léger mais la fraicheur du matin est idéale, dis-je à mes orteils dont l’opinion diffère, je file toutefois allègrement dans un Paris très tranquille à cette heure et passe rapidement la porte de Clichy vers de la banlieue banale jusqu’à la Frette où je rejoins la Seine.
À Conflans je remonte vers Cergy et tombe sur ma première surprise pittoresque : l’étonnante passerelle de l’Axe majeur, grand barreau minimaliste rouge vif au sein de la verdure, un petit air japonais. Elle se termine par une côte piétonne impraticable à vélo qui m’oblige à quelques lacets. À sa suite, je découvre l’austère et désertique tour Belvédère.
Plus tard j’arrive enfin dans la vraie campagne du Vexin en direction de Gisors, les champs et bosquets défilent malgré le vent toujours de face. Après Forges-les-Eaux je rejoins la véloroute, établie sur une ancienne voie ferrée, parsemée de quelques vestiges de signalisation, d’anciennes gares et de maisons de garde-barrière. Outre la température très agréable à l’ombre des arbres, c’est le calme absolu entouré des oiseaux et insectes sans aucun véhicule motorisé et très peu de promeneurs à pieds comme à vélo à cette époque de l’année. La platitude de la voie et son revêtement récent bien lisse permettent de rouler à bon rythme sans efforts démesurés. Très ombragée, trop peut-être, on peut lui reprocher d’isoler en grande partie du paysage alentour et une certaine monotonie. Cette voie aisée et apaisée m’a quand même permis de tenir le coup jusqu’à mon arrivée sur la plage de Dieppe malgré le vent de plus en plus fort au fur et à mesure que je me rapproche de la côte.
Épuisé mais ravi ! Je l’ai fait ! C’est le plus long trajet à vélo que j’ai effectué de ma vie, sur un Bullitt un peu chargé et vent de face tout du long ! 180 km en environ 9h30, plus le temps d’aller au camping…
Les prolongateurs ont été une vraie bénédiction, même si la position tire un peu sur mon épaule gauche, c’est infiniment meilleur pour mes poignets et avant-bras.
Un petit tour avant de rejoindre le camping de la Source par un chemin le plus direct mais bucoliquement difficile pour l’encombrant Bullitt et ses pneus slicks ; par la suite je veillerai à rester sur la route…
Le camping est souvent l’occasion de croiser des gens sympathiques. Ce soir ma voisine de pelouse est une Munichoise qui tracte derrière son VAE une caravane ! Cette curieuse caravane pour vélo au design malin comporte deux parties dont une pivote pour se rabattre sur la seconde et réduire sa longueur lors des déplacements. Elle reste lourde, rendant laborieuse l’ascension de côtes et limitant la longueur des trajets, m’explique la jeune femme, d’autant qu’elle ne voyage pas seule, accompagnée de son chat et ses deux lapins !
Après une bonne douche, une pizza et une bière fraiche bien méritées, le soir tombe et moi de sommeil. Demain sera consacré à visiter la ville et me reposer.