Ce soir, vernissage de l’ami Jean-Michel dans une galerie rue de Seine dans le 6e
Il a un bobo au pied qui le fatigue et l’esprit cabotin, il accepte alors que je le ramène rapporte en Bullitt chez son frangin qui l’héberge rue Riquet dans le 19e.
Une fois ce grand gaillard de 85 kg et sa petite valise chargés, nous voilà partis pour une demie-heure de balade (22 km/h de pointe sur le plat, 12 km/h en arrivant à gare de l’Est après voir monté le bd de Strasbourg).
À l’arrivée, ravi, il a eu l’impression que le trajet n’avait duré qu’un quart d’heure…
Après l’avoir déposé, je vous dit pas comme la direction du Bullitt m’a parue légère !
Lorsque je transporte quelqu’un dans le Bullitt, il ne reste pas toujours de la place pour des sacs.
Bien sûr j’aurais pu installer un simple porte-bagage sur la roue arrière, avec même la possibilité d’y accrocher des sacoches, mais ça casse un peu l’esthétique pour une utilité très ponctuelle…
J’ai alors découvert que le fabricant anglais de bagages haut de gamme pour vélo Carradice proposait le Classic rack, un porte-bagage amovible qui s’accroche aux anneaux de sacoche à l’arrière des selles Brooks et se maintient à la tige de selle par une sangle.
Quand il n’est pas utilisé, il est planqué dans la cabine du Bullitt, attaché avec ma pompe à pied par un antivol.
Après la visite de la Grande galerie de l’évolution, j’ai proposé à mes amis Miki et Jean-Michel qui avaient encore quelque chose à faire, de ramener nos Raphaël et Massaki respectifs en Bullitt à la maison : l’émulation du facétieux Dynamic duo étant ce qu’elle est, ce fut un flot de gros mots et de rigolade ininterrompu dans la cabine tout le long du trajet !
Depuis, sous la pression de son fils, Jean-Michel cherche un bi- ou tri-porteur d’occasion sur Angers, faire offre…
Pendant un grand démontage-nettoyage annuel, voici mon Bullitt sans la cabine, juste le plancher, le siège enfant avec son harnais 5 points et les barreaux latéraux de la cabine, ça lui donne tout de suite une allure plus sportive !
C’était mon intention dès le départ : avoir un Bullitt à transmission par courroie.
Le plus petit pignon pour courroie ayant 20 dents, pour conserver un développement identique à ma transmission précédente 44-16, il me fallait un plateau de 55 dents. L’outil de configuration sur le site Gates indique selon l’entre-axe pédalier / moyeu qu’il me faut une courroie de 111 dents.
Deux problèmes se posent : le cadre du Bullitt n’est pas prévu pour, et Rohloff refuse de fournir un pignon pour courroie aux possesseurs d’un cadre non certifié par Gates.
Le premier point se règle aisément — et irrémédiablement ! — à l’aide d’une scie : le Bullitt dispose de pattes arrières amovibles fixées au triangle arrière par trois boulons, il suffit de scier la jonction base/hauban entre deux boulons, et voilà. On peut alors écarter délicatement la base et le hauban pour glisser la courroie dans le triangle, puis re-solidariser base et hauban en vissant la plaque de patte arrière.
Pour le second point, des recherches sur internet m’ont appris que Phil Wood a fabriqué des pignons pour courroie CDC il y a quelques années, notamment pour moyeu Rohloff. Je les ai contactés et, coup de chance, il leur reste un petit reliquat de stock dont la référence que je souhaitais. Le seul défaut de ce composant haut de gamme est son prix très élevé auquel s’ajoutent des frais de douane.
Afin de permettre la tension de la courroie, ayant des pattes arrières pour dérailleur externe, le plus évident fut d’opter pour le boitier de pédalier excentrique. Cette solution a l’avantage de ne pas modifier la tension lors de la dépose de la roue arrière et d’assurer l’alignement axial de la roue arrière. Le boitier de pédalier excentrique adapté à mon cadre et le plus aisément commandable sur internet est l’Exzentriker de chez Trick Stuff, composant assez haut de gamme également mais qui provient d’Allemagne, donc pas de taxation douanière à prévoir.
Derniers composants à commander : le plateau CDC 55 dents, la courroie 111 dents, le snubber (poulie anti-saut de courroie) ainsi que l’outil pour dévisser les pignons des moyeux Rohloff.
Le pignon Phil Wood se présente en deux pièces : une étoile filetée à visser sur le moyeu Rohloff, et le pignon à fixer sur l’étoile à l’aide de 6 vis.
Le démontage du pignon Rohloff d’origine a la réputation d’être un calvaire, en fait pas du tout si on fait comme dans cette vidéo :
Il m’a fallu raccourcir un peu les vis du pignon qui dépassaient et touchaient le moyeu, bloquant ainsi la roue libre.
Le montage du boitier de pédalier excentrique et du plateau ne pose pas de souci, mais afin de ne pas gêner la rotation du pédalier sur le boitier de pédalier excentrique, j’ai scié les fixations du petit plateau.
Je peux enfin mettre en place la courroie et la roue arrière. J’ai tendu à la main la courroie un peu au pif car je n’avais pas d’outil pour contrôler la tension. Une mesure au pied à coulisse montre qu’il y a à peine un millimètre de décalage entre le plateau et le pignon.
Gates fournit une app iPhone pour mesurer la tension à l’aide du micro de l’appareil, selon la fréquence de vibration de la courroie exactement comme une corde de guitare ; pour un moyeu à vitesse la fréquence devrait être entre 35 et 50 Hz. Et bien là, l’app indique < 20 Hz, probablement la limite inférieure de son spectre d’analyse, et en tout état de cause inadéquat, et pourtant à l’essai : aucun bruit, aucune saute ou déraillement, impec !
J’ai tout de même ajouté le snubber, poulie derrière le pignon censée prévenir les sauts de courroie.
J’ai déjà fait plus de 40 km avec, y compris un aller-retour Gambetta > Porte de Versailles au salon des vignerons d’où j’ai rapporté 6 cartons de vin et un magnum, avec le diable, ce qui représente quelques 55 kg, sans aucun souci.
Quelques temps plus tard, lors d’un séminaire Rohloff, le représentant Gates à qui j’ai montré mon Bullitt a estimé que ma courroie était trop tendue. J’ai fini par acheter l’outil de mesure de tension afin d’être sûr de mon réglage, depuis tout roule !