À l’opposé du Bullitt : un vélo pliant

Voilà l’été, j’aperçois le soleil
Les nuages filent et le ciel s’éclaircit
Et dans ma tête qui bourdonnent,
Les abeilles !
J’entends rugir les plaisirs de la vie

Ça faisait longtemps que me taraudait l’envie d’un second vélo en plus du Bullitt pour me trimbaler aisément lorsque je n’ai rien à trimbaler, j’ai fini par arrêter un « cahier des charges » :
  • Pliant à roues de 20 pouces
  • Freins à disque
  • Moyeu SRAM Automatix à deux vitesses, automatiques donc
  • Transmission par courroie Gates Carbon Drive
  • Réutilisation de l’éclairage sur moyeu dynamo SON + Busch & Müller d’un ancien vélo

Les vélos pliants à cadre « mono-poutre » comme les Dahon Mu se prêtent bien à la transmission par courroie puisqu’ils sont dénués de triangle arrière, pas de modification à prévoir, et les gros tubes d’alu qui les composent sont assez rigides pour cette transmission.

Le choix du moyeu automatique est un peu à l’opposé du Rohloff de mon Bullitt mais cohérent avec ce projet de vélo urbain léger et simplissime.

La base de départ est une chinoiserie, le Hachiko HA-08 (la version « haut de gamme ») que je me suis faite rapporter de Singapour par des amis.
Les 11,5 kg annoncés sont bien sûr une vue de l’esprit, il en faisait bien 2 kg de plus !

Au menu, quasiment tout à changer hormis le cadre, la fourche et la direction : les roues sont affreusement lourdes, les freins inefficaces, la tige de selle descend toute seule quel que soit le serrage, la transmission n’est pas à courroie, les garde-boue sont symboliques, les pédales branlantes…

Les nouvelles roues :

Rayonnées moi-même

  • Jantes Kinlin Nb-R 406
  • Rayons Sapim Laser noirs
  • Pneus Kojak et chambres à air Schwalbe
  • À l’avant : moyeu-dynamo SON 20R
  • À l’arrière : moyeu SRAM Automatix version à disque anodisé noir, avec un pignon Gates CDC 20 dents
  • Roues sécurisées par des écrous Anti-Vandale

Malgré ces moyeux de respectivement 390 et 890 g, j’ai quand même gagné 1,2 kg sur la paire de roues d’origine !

Les nouveaux freins sont des Magura MT2 avec gaines blanches, même marque que ceux de mon Bullitt pour une maintenance simplifiée.
Et puis ça freine bien.

La transmission par courroie :

  • Boitier de pédalier à axe carré remplacé par un excentrique Trickstuff (les pattes arrières sont pour dérailleur)
  • Pédalier remplacé par l’Alfine mono-plateau acheté pour le Bullitt mais qui ne convenait pas à la ligne de chaine du Rohloff. J’ai ajouté 1,5 mm de rondelles au niveau du boitier de pédalier, et 0,5 mm de rondelles entre l’étoile du pédalier et le plateau pour parfaire l’alignement plateau / pignon.
  • Plateau Gates CDC 60 dents pour des développements de 4,55 m et 6,23 m.
  • Courroie Gates CDC.

L’éclairage :

  • SON Edelux à l’avant,
  • Busch & Müller Seculite Plus à l’arrière,

J’ai ce matériel depuis 2009, rien à redire c’est du solide.
Le câblage blanc du feu arrière est accouplé à la durite de frein avec des tronçons de gaine thermo blanche, discret.
Le feu arrière est fixé à un œillet pour porte-bagage.

L’assise :

La tige de selle est remplacée par une KCNC Ti Pro Lite 400mm noire en haut de laquelle vient s’accrocher le support d’un antivol Abus uGrip 501 blanc.

Pour compléter :

L’antivol Abus uGrip 501 blanc :
C’est l’antivol le plus salissant du monde !
Ce U de 1,750 kg type Granit X est entouré d’une épaisse couche de silicone blanc lui donnant une allure très design mais attirant la crasse comme un aimant.
Cependant cette gangue réduit passablement la largeur maximale des points fixes auxquels attacher le vélo, un mauvais point malgré la bonne note de cet antivol dans les tests de résistance.
Et puis lorsqu’il s’agit de porter le vélo dans un escalier, le poids de l’antivol se fait sentir…

Les mini garde-boue en plastoc d’origine vraiment nazes laissent la place à d’élégants garde-boue Contec constitués d’une latte d’alu anodisé noir, prévus pour roues de 700, que j’ai recoupés à la bonne longueur et recourbés pour mes roues de 20 pouces.

Un support de panier Klickfix sur la potence permet à mon vieux panier Rixen Kaul de reprendre du service.

À propos des pédales :

Petit jeu des différences entre les deux photos suivantes :

pédale intacte

pédale explosée

Ces pédales ne me plaisaient déjà pas, elle penchaient vers l’extérieur, me paraissaient vraiment cheap, l’une des deux n’aura tenu que 143 km avant d’exploser !

Je les ai remplacées par des pédales amovibles minimalistes Xpedo QRD XCF05ac

Au-delà, je pourrais changer selle et poignées pour de plus belles et plus solides, les poignées ne dureront de toute façon pas une éternité et j’ai horreur du caoutchouc qui s’effrite dans les mains moites (vécu avec un ancien vélo).
Une colonne de direction et un cintre noirs assortis au reste serait du plus bel effet.
Et puis pourquoi pas une fourche carbone pour alléger cette fourche en acier à ferrer les ânes ?
Jusqu’où savoir aller trop loin…

Question conduite, après 3 ans de Bullitt, cette direction très directe surprend et si ce n’est pas le vélo le plus léger du monde par rapport à son gabarit (11,5 kg aujourd’hui sans l’antivol et le panier), c’est fun, très réactif et ça roule bien, bref j’en suis très satisfait.

hachiko

hachiko

hachiko

hachiko

hachiko

Là où il y a du plaisir, il n’y a pas de chaine

C’était mon intention dès le départ : avoir un Bullitt à transmission par courroie.

Le plus petit pignon pour courroie ayant 20 dents, pour conserver un développement identique à ma transmission précédente 44-16, il me fallait un plateau de 55 dents. L’outil de configuration sur le site Gates indique selon l’entre-axe pédalier / moyeu qu’il me faut une courroie de 111 dents.

Deux problèmes se posent : le cadre du Bullitt n’est pas prévu pour, et Rohloff refuse de fournir un pignon pour courroie aux possesseurs d’un cadre non certifié par Gates.

Le premier point se règle aisément — et irrémédiablement ! — à l’aide d’une scie : le Bullitt dispose de pattes arrières amovibles fixées au triangle arrière par trois boulons, il suffit de scier la jonction base/hauban entre deux boulons, et voilà. On peut alors écarter délicatement la base et le hauban pour glisser la courroie dans le triangle, puis re-solidariser base et hauban en vissant la plaque de patte arrière.

Pour le second point, des recherches sur internet m’ont appris que Phil Wood a fabriqué des pignons pour courroie CDC il y a quelques années, notamment pour moyeu Rohloff. Je les ai contactés et, coup de chance, il leur reste un petit reliquat de stock dont la référence que je souhaitais. Le seul défaut de ce composant haut de gamme est son prix très élevé auquel s’ajoutent des frais de douane.

Afin de permettre la tension de la courroie, ayant des pattes arrières pour dérailleur externe, le plus évident fut d’opter pour le boitier de pédalier excentrique. Cette solution a l’avantage de ne pas modifier la tension lors de la dépose de la roue arrière et d’assurer l’alignement axial de la roue arrière. Le boitier de pédalier excentrique adapté à mon cadre et le plus aisément commandable sur internet est l’Exzentriker de chez Trick Stuff, composant assez haut de gamme également mais qui provient d’Allemagne, donc pas de taxation douanière à prévoir.

Derniers composants à commander : le plateau CDC 55 dents, la courroie 111 dents, le snubber (poulie anti-saut de courroie) ainsi que l’outil pour dévisser les pignons des moyeux Rohloff.

composants transmission courroie

Le pignon Phil Wood se présente en deux pièces : une étoile filetée à visser sur le moyeu Rohloff, et le pignon à fixer sur l’étoile à l’aide de 6 vis.

Le démontage du pignon Rohloff d’origine a la réputation d’être un calvaire, en fait pas du tout si on fait comme dans cette vidéo :

Il m’a fallu raccourcir un peu les vis du pignon qui dépassaient et touchaient le moyeu, bloquant ainsi la roue libre.

phil Wood Rohloff courroie

phil Wood Rohloff courroie

Le montage du boitier de pédalier excentrique et du plateau ne pose pas de souci, mais afin de ne pas gêner la rotation du pédalier sur le boitier de pédalier excentrique, j’ai scié les fixations du petit plateau.

plateau courroieplateau courroie intérieur

Je peux enfin mettre en place la courroie et la roue arrière. J’ai tendu à la main la courroie un peu au pif car je n’avais pas d’outil pour contrôler la tension. Une mesure au pied à coulisse montre qu’il y a à peine un millimètre de décalage entre le plateau et le pignon.

pignon courroie Rohloff

Gates fournit une app iPhone pour mesurer la tension à l’aide du micro de l’appareil, selon la fréquence de vibration de la courroie exactement comme une corde de guitare ; pour un moyeu à vitesse la fréquence devrait être entre 35 et 50 Hz. Et bien là, l’app indique < 20 Hz, probablement la limite inférieure de son spectre d’analyse, et en tout état de cause inadéquat, et pourtant à l’essai : aucun bruit, aucune saute ou déraillement, impec !

J’ai tout de même ajouté le snubber, poulie derrière le pignon censée prévenir les sauts de courroie.

J’ai déjà fait plus de 40 km avec, y compris un aller-retour Gambetta > Porte de Versailles au salon des vignerons d’où j’ai rapporté 6 cartons de vin et un magnum, avec le diable, ce qui représente quelques 55 kg, sans aucun souci.

Quelques temps plus tard, lors d’un séminaire Rohloff, le représentant Gates à qui j’ai montré mon Bullitt a estimé que ma courroie était trop tendue. J’ai fini par acheter l’outil de mesure de tension afin d’être sûr de mon réglage, depuis tout roule !