SRAM Automatix, le moyeu libre d’esprit

Le moyeu Automatix de SRAM est un moyeu automatique à deux vitesses : lorsqu’on atteint une certaine vitesse, il passe en souplesse le second rapport, c’est simplissime !

Pour rétrograder — par exemple lorsqu’on va aborder une côte —, il suffit de relâcher le pédalage en étant à une vitesse inférieure au seuil de passage en seconde. Ce qui fait qu’évidemment lorsqu’on s’arrête, le moyeu repasse automatiquement en première, plus besoin de s’en préoccuper.

On ne choisit donc pas la vitesse à laquelle il change, ainsi à toute vitesse donnée ne correspond qu’un seul rapport, c’est en quelque sorte un « single speed étendu », dont l’absence de commande ne déplairait pas aux amateurs de fixies épurés (mais il n’existe pas en version pignon fixe).

Plusieurs versions sont proposées : roue libre, avec frein tambour à rétropédalage, ou pour frein à disque en finition anodisée argentée ou noire, le poids variant du simple au double, selon constructeur : 1420g le rétropédalage, 720g le disque. Une connaissance ayant pu peser le moyeu en version disque seul m’a communiqué ses mesures : 1 kg le moyeu complet avec un pignon 19 dents !

Il faut savoir également qu’il existe deux réglages d’usine du seuil de passage en seconde correspondant à deux rayonnages : 28 ou 36 trous, optimisés pour certaines tailles de roues plutôt que d’autres (cf tableau en pied d’article). Enfin la version pour frein à disque comporte 32 trous mais le réglage n’est pas listé. SRAM est peu disert sur ses informations techniques…

C’est un moyeu que l’on trouve essentiellement monté sur des vélos urbains, car avec un ratio de 1,36 entre les deux rapports, il est conçu pour fournir une petite vitesse de démarrage ou de montée de côte, et une vitesse de croisière raisonnable sur le plat et la descente, la vitesse maximale plafonnant avec notre propre cadence de pédalage.
Le pignon et le plateau doivent alors être soigneusement choisis pour bien étager la transmission selon nos habitudes et la topographie usuelle. Trop courte et on aura l’impression de se trainer lamentablement, trop longue et elle sera trop fatigante, on aura du mal à monter les côtes.

À l’usage, il est assez agréable bien qu’un peu bruyant en roue libre et sur le second rapport. Cependant — et c’est son seul défaut — il peut arriver au démarrage que la roue libre dérape, ou que la seconde vitesse passe intempestivement lors de cahots.
Sa mécanique rustique n’est clairement pas comparable à la qualité d’un Rohloff (qui équipe mon autre vélo), le prix également (moins du dixième !).

Comment fonctionne-t-il ?

Le principe est le suivant : le mécanisme de changement de vitesse est contrôlé par des masselottes internes retenues par un ressort, lorsque la force centrifuge de la roue en rotation dépasse celle du ressort, les masselottes s’écartent et enclenchent la seconde.
Lorsque la vitesse diminue et la force centrifuge redevient inférieure à celle du ressort, il faut relâcher le pédalage pour que le mécanisme se désenclenche et retourne sur le premier rapport.

SRAM Automatix démonté

(cette photo est issue de cet article du site de Sheldon Brown)

Ajustement

Mon exemplaire est la version pour frein à disque, rayonnage 32 trous, donné pour une masse de 720g selon le constructeur, 890g selon ma balance de cuisine…
Monté sur une roue de 20 pouces, le point de changement du moyeu  est à environ 12 km/h, soit après même pas trois tours de manivelles, bien trop bas !

J’ai d’abord suivi la très simple recette de cet article pour modifier le point de changement : Il s’agit de détordre le ressort pour changer l’angle d’écartement des extrémités, ce qui augmente un peu son appui sur la masselotte, mais cette méthode plafonne au bout d’un moment, la vitesse du point de passage n’augmente plus et à force on risque de briser le ressort.
Seule solution : le changer ou en ajouter un second sur le pivot de la seconde masselotte. En fonction de ce que j’ai pu trouver dans mes pièces de bricolage d’appareils photo, ce sera l’ajout d’un second ressort qui me permettra de fixer le point de passage à 23 km/h.
Ainsi je vais pouvoir grimper la côte du Père Lachaise en première à bon rythme sans risquer de passer la seconde trop longue.

SRAM Automatix sans capot

SRAM Automatix détail masselotte

SRAM Automatix détail ressort

roue seuil km/h
36 trous 28 trous
20" / 40-406 1530 12,1 14,8
20" / 47-406 1550 12,2 15,0
20" / 54-406 1590 12,6 15,4
24" / 47-507 1860 14,7 18,0
24" / 54-507 1920 15,2 18,6
26" / 25-559 1940 15,3 18,8
26" / 35-559 1980 15,6 19,2
26" / 40-559 2000 15,8 19,4
26" / 47-559 2020 15,9 19,5
26" / 50-559 2040 16,1 19,7
26" / 54-559 2080 16,4 20,1
26" / 57-559 2100 16,6 20,3
26" / 60-559 2150 17,0 20,8
26" / 37-590 2090 16,5 20,2
28" / 20-622 2110 16,7 20,4
28" / 23-622 2120 16,7 20,5
28" / 25-622 2130 16,8 20,6
28" / 28-622 2150 17,0 20,8
28" / 30-622 2260 17,8 21,9
28" / 32-622 2160 17,1 20,9
28" / 35-622 2185 17,3 21,1
28" / 37-622 2190 17,3 21,2
28" / 40-622 2220 17,5 21,5
28" / 42-622 2230 17,6 21,6
28" / 47-622 2280 18,0 22,1
28" / 50-622 2280 18,0 22,1
28" / 54-622 2295 18,1 22,2
28" / 60-622 2350 18,6 22,7
27" / 32-630 2180 17,2 21,1

Là où il y a du plaisir, il n’y a pas de chaine

C’était mon intention dès le départ : avoir un Bullitt à transmission par courroie.

Le plus petit pignon pour courroie ayant 20 dents, pour conserver un développement identique à ma transmission précédente 44-16, il me fallait un plateau de 55 dents. L’outil de configuration sur le site Gates indique selon l’entre-axe pédalier / moyeu qu’il me faut une courroie de 111 dents.

Deux problèmes se posent : le cadre du Bullitt n’est pas prévu pour, et Rohloff refuse de fournir un pignon pour courroie aux possesseurs d’un cadre non certifié par Gates.

Le premier point se règle aisément — et irrémédiablement ! — à l’aide d’une scie : le Bullitt dispose de pattes arrières amovibles fixées au triangle arrière par trois boulons, il suffit de scier la jonction base/hauban entre deux boulons, et voilà. On peut alors écarter délicatement la base et le hauban pour glisser la courroie dans le triangle, puis re-solidariser base et hauban en vissant la plaque de patte arrière.

Pour le second point, des recherches sur internet m’ont appris que Phil Wood a fabriqué des pignons pour courroie CDC il y a quelques années, notamment pour moyeu Rohloff. Je les ai contactés et, coup de chance, il leur reste un petit reliquat de stock dont la référence que je souhaitais. Le seul défaut de ce composant haut de gamme est son prix très élevé auquel s’ajoutent des frais de douane.

Afin de permettre la tension de la courroie, ayant des pattes arrières pour dérailleur externe, le plus évident fut d’opter pour le boitier de pédalier excentrique. Cette solution a l’avantage de ne pas modifier la tension lors de la dépose de la roue arrière et d’assurer l’alignement axial de la roue arrière. Le boitier de pédalier excentrique adapté à mon cadre et le plus aisément commandable sur internet est l’Exzentriker de chez Trick Stuff, composant assez haut de gamme également mais qui provient d’Allemagne, donc pas de taxation douanière à prévoir.

Derniers composants à commander : le plateau CDC 55 dents, la courroie 111 dents, le snubber (poulie anti-saut de courroie) ainsi que l’outil pour dévisser les pignons des moyeux Rohloff.

composants transmission courroie

Le pignon Phil Wood se présente en deux pièces : une étoile filetée à visser sur le moyeu Rohloff, et le pignon à fixer sur l’étoile à l’aide de 6 vis.

Le démontage du pignon Rohloff d’origine a la réputation d’être un calvaire, en fait pas du tout si on fait comme dans cette vidéo :

Il m’a fallu raccourcir un peu les vis du pignon qui dépassaient et touchaient le moyeu, bloquant ainsi la roue libre.

phil Wood Rohloff courroie

phil Wood Rohloff courroie

Le montage du boitier de pédalier excentrique et du plateau ne pose pas de souci, mais afin de ne pas gêner la rotation du pédalier sur le boitier de pédalier excentrique, j’ai scié les fixations du petit plateau.

plateau courroieplateau courroie intérieur

Je peux enfin mettre en place la courroie et la roue arrière. J’ai tendu à la main la courroie un peu au pif car je n’avais pas d’outil pour contrôler la tension. Une mesure au pied à coulisse montre qu’il y a à peine un millimètre de décalage entre le plateau et le pignon.

pignon courroie Rohloff

Gates fournit une app iPhone pour mesurer la tension à l’aide du micro de l’appareil, selon la fréquence de vibration de la courroie exactement comme une corde de guitare ; pour un moyeu à vitesse la fréquence devrait être entre 35 et 50 Hz. Et bien là, l’app indique < 20 Hz, probablement la limite inférieure de son spectre d’analyse, et en tout état de cause inadéquat, et pourtant à l’essai : aucun bruit, aucune saute ou déraillement, impec !

J’ai tout de même ajouté le snubber, poulie derrière le pignon censée prévenir les sauts de courroie.

J’ai déjà fait plus de 40 km avec, y compris un aller-retour Gambetta > Porte de Versailles au salon des vignerons d’où j’ai rapporté 6 cartons de vin et un magnum, avec le diable, ce qui représente quelques 55 kg, sans aucun souci.

Quelques temps plus tard, lors d’un séminaire Rohloff, le représentant Gates à qui j’ai montré mon Bullitt a estimé que ma courroie était trop tendue. J’ai fini par acheter l’outil de mesure de tension afin d’être sûr de mon réglage, depuis tout roule !

Gates Carbon Drive : la transmission par courroie

La firme américaine Gates produit des courroies depuis longtemps équipant machines industrielles, agricoles, moteurs, voire motos (d’une marque américaine emblématique), et propose depuis quelques années une transmission à courroie pour vélo.

Gates Carbon Drive CDC

Cette courroie pour vélo Gates Carbon Drive, en polyuréthane armé de brins de carbone a une denture au pas de 11 mm, intermédiaire entre les deux standards industriels 8 et 14 mm : le pas de 8 mm a une denture pas assez profonde pour l’usage du vélo et risque de sauter plus facilement, tandis que le pas de 14 mm présente un rayon de courbure minimum trop important et aurait nécessité de trop grands pignons et plateaux pour obtenir les développements usuels des vélos ; un pas de 8 mm est alors apparu comme le bon compromis entre rayon de courbure et profondeur de denture.
Elle est également bien plus légère qu’une chaine.

Gates a produit une première gamme de transmission : CDC Mudport, puis une évolution avec la gamme CDX Centertrack, dotée d’une rainure centrale qui la rend plus rigoureuse quant à l’alignement des poulies, mais elle est mieux guidée, permet une tension plus faible, craint moins les débris dans les engrenages, est plus silencieuse, plus légère et moins chère.

Du point de vue utilisateur, les avantages sont :

  • Pas de lubrification, donc moins salissante
  • Facilité de nettoyage
  • Pas d’élongation contrairement à une chaine donc normalement pas de re-réglage
  • Très silencieuse
  • Durée de vie supérieure à une chaine (plus du double, ce site évoque une casse de courroie à 31 000 km)
  • Moins de risques de prendre un vêtement dans la courroie

Les inconvénients :

  • Chère

Les contraintes techniques

expliquent en partie la faible diffusion relative de cette transmission malgré ses indéniables qualités :

  • Le triangle arrière du cadre doit pouvoir s’ouvrir pour permettre le passage de la courroie car celle-ci ne peut s’ouvrir comme une chaine.
  • Le plateau et le pignon doivent être précisément alignés sinon au mieux la courroie sera bruyante et la transmission s’usera prématurément, au pire la courroie déraillera.
  • La courroie doit pouvoir être tendue, soit par des pattes arrières verticales coulissantes, soit par des pattes arrières horizontales, soit par un boitier de pédalier excentrique.
    Le défaut des pattes horizontales est que chaque dépose de la roue exigera de contrôler la tension de la courroie.
    Contrairement à une idée reçue, la tension n’a pas à être extrême, elle doit juste être suffisante pour éviter à la courroie de sauter. Gates fournit des outils pour la mesurer.
  • La rigidité du triangle arrière est déterminante pour la bonne tension de la courroie. Si le cadre n’est pas assez rigide, il sera difficile, voire impossible, d’obtenir la bonne tension, et on aura tendance à surtendre la courroie pour compenser, ce qui ne résoudra pas le problème, pourra augmenter le risque de saute ou de déraillement, enfin usera la transmission et les roulements prématurément.
  • Gates certifie les constructeurs après test de rigidité d’un cadre qu’ils auront fourni, et Rohloff, qui promeut cette transmission, ne fournit ses pignons pour courroie qu’aux fabricants certifiés ou aux particuliers ayant fait certifier leur vélo (il n’existe qu’un centre de test en Allemagne pour toute l’Europe !).
  • Les courroies existent en un certain nombre de longueurs et ne peuvent être ajustées comme une chaine au demi-maillon près, ce qui fait que le choix de développements possibles sera limité aux combinaison plateau / pignon / courroie compatibles avec l’écartement pédalier / moyeu arrière.
  • Pas de dérailleur externe, uniquement mono-vitesse ou moyeu à vitesses.

Pour approfondir :

Site Gates (en anglais), dont la page des ressources
Blog Gates présentant de nouveaux vélos utilisant une transmission à courroie
De beaux vélos à courroie sur Flickr

Le Rouge et le Verre

Le rouge et le verre

Ce caviste non seulement fournit de bons vins, propose une table d’hôte où l’on peut les déguster sans supplément, mais a le bon goût de livrer en Bullitt !

Tout confort

Et voilà, la cabine est arrivée et montée, ainsi que les derniers détails de cette première étape du projet.

La cabine est spacieuse mais ne permettra pas de charger grand chose en plus de mon fils.

La prise au vent est assez forte, mais dans l’ensemble ça se conduit toujours très bien. Il a juste fallu trouver le bon compromis pour la position de la poignée Rohloff et la hauteur du cintre pour que les freins passent sans trop monter le guidon et se retrouver à conduire trop droit.

côté gauche
côté droit
arrière
poste pilotage
transmission et Rohloff

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